Derrière chaque cheval un homme qui veille

Publié le 10 Mai 2014

Six heures du matin, la sonnerie d'un réveil annonce la fin de la nuit. Une main
engourdie vient faire taire l'affreux objet, résistant à l'envie de l'envoyer s'écraser
contre le mur. Le jeune homme se lève, ronchon. Depuis qu'il a obtenu ce poste au
haras, tous les matins, six jours par semaine, c'est le même scénario. Après un rapide
petit-déjeuner, il quitte sa maison et s'en va vers son lieu de travail. Le trajet est assez
court et tranquille, les petites routes campagnardes étant encore désertes. Il arrive au
haras aux alentours de sept heures du matin, quand la nature s'éveille doucement. Le
domaine est superbe: plusieurs hectares de prés destinés aux poulinières et aux
chevaux à l'entraînement, deux bâtiments abritant des boxes spacieux et confortables.
A quelques centaines de mètres se trouvent les pistes d'entraînement réservées à
l'usage unique des chevaux du haras. Tout est encore très calme. Les prés sont vides,
à l'exception d'un ou deux dont les chevaux n'ont pas voulu rentrer au box la veille, et
ont donc passé la nuit dehors.


Le jeune homme gare sa voiture et se dirige directement dans les écuries. Quelques
hennissements l'accueillent. Les poulinières sont assez calmes et bon nombre de
poulains sont encore dans les bras de Morphée. Après avoir salué ses collègues, il
commence à distribuer les rations. Il en profite pour vérifier que tout va bien et
adresser une petite attention à chacune des juments. La plupart des poulains, déjà
parfaitement habitués à ce rituel matinal, n'y prêtent même plus attention. Seul un,
d'humeur joueuse s'approche du jeune homme et lui inspecte scrupuleusement les
poches. Le seul trésor qu'il trouve dans le blouson est un morceau de papier tout
chiffonné. Mécontent, le poulain pousse du bout des naseaux le papier et le fait
tomber dans la paille. Le jeune homme éclate de rire et sort du box sous le regard
étonné de la jument.
Une fois toutes les rations distribuées, les employés se retrouvent devant un bon café
en attendant que les chevaux finissent de manger. Ensuite, tous les chevaux sont
sortis. Une jument tenue dans une main, son poulain dans l'autre, tous sortent en file
indienne en direction des immenses pâtures. A peine sont-ils lâchés que les poulains
et pouliches partent dans un joyeux galop. Quelques juments se joignent au jeu,
d'autres sont plus intéressées par la délicieuse herbe qui recouvre le sol.
En revanche, pas de répit pour les hommes. Une fois tous les chevaux dehors, il est
temps de faire les boxes. Et il y en a beaucoup, beaucoup, des boxes. Ils doivent être
toujours impeccables, au cas où un client visiterait l'écurie. Après des dizaines de
brouettes remplies à la limite du débordement, la matinée est écoulée.


Il est l'heure de la pause de midi. Le jeune homme mange en compagnie de ses
collègues. Disposant d'encore un peu de temps avant la reprise du travail, il décide
d'aller rendre une petite visite à sa chouchoute. Elle n'est pas dans les prés attenant à
l'écurie des poulinières, mais un peu plus loin, dans ceux réservés aux chevaux à
l'entraînement. C'est la petite championne du haras. Elle s'est imposée lors du weekend
de l'Arc de Triomphe, devançant de très bons chevaux. En entendant le jeune
homme arriver, elle lève la tête de sa touffe d'herbe. Il la rejoint dans son pré et la
câline pendant de longue minutes. La jument adore qu'on s'occupe d'elle et en
redemande. Le jeune homme s'arrête un instant pour regarder un cheval qui se roule
gaiement. Un petit coup de tête le rappelle à l'ordre. Après une dernière gratouille
derrière les oreilles de la jument, il lui faut retourner travailler.


L'après-midi, les employés s'occupent de l'entretien du haras. Des clôtures sont un
peu abîmées et il faut les réparer. Après cela, le jeune homme est chargé d'aller lâcher
le jeune étalon dans son paddock. Il ne dit rien mais n'est pas ravi de sa mission.
L'étalon est vif et est pressé d'aller se défouler au pré. Mais le gros problème, c'est
qu'avant de rejoindre le paddock, il faut passer devant les boxes de quelques juments.
Le jeune homme accélère le pas et espère que l'étalon ne va pas tenter d'aller séduire
les demoiselles. Heureusement, tout se passe bien, l'étalon ayant plus envie d'aller
goûter l'herbe verte que de rendre visite aux juments.
L'après-midi touche à sa fin. Les chevaux sont rentrés au box. En entendant la
brouette des granulés, tous se mettent à hennir du mieux qu'ils peuvent. Une fois
toutes les rations distribuées, on entend plus que le bruit des juments qui mangent.
C'est le signe que la journée est terminée. Un dernier coup d’oeil sur les chevaux et
tout le monde quitte tranquillement le haras. Le jeune homme rentre chez lui et se
couche exténué mais heureux. Le lendemain, le réveil sonnera de nouveau à six
heures du matin.

Un grand merci à Jimmy pour sa précieuse aide, cette histoire c'est en grande partie la sienne.

Derrière chaque cheval un homme qui veille

Rédigé par Elodie

Publié dans #Elevage

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