Histoire d'une vie - Partie 2

Publié le 5 Mars 2014

Journée agitée pour le jeune poulain gris. Pour la première fois, il va être
séparé de sa mère. Après six mois à grandir près de cette présence maternelle
rassurante, il est temps pour lui d'affronter la vie seul. Accompagné par quelques
autres de ses camarades de prés, il est emmené dans une pâture éloignée de celle des
poulinières. Les petits appellent leur mère. Elles font sans doute la même chose de
leur côté. Certains poulains semblent complètement paniqués. Le petit gris s'est quant
à lui calmé. Après quelques hennissements lancés, il semble comprendre que sa mère
de viendra pas le rassurer comme elle le faisait avant. Ce poulain semble d'un
caractère très calme. Cela sera appréciable quand il faudra le gérer sur une piste,
devenu un entier de cinq cents kilos lancé au galop à soixante kilomètres/heure.
Pour l'heure, la joyeuse bande de poulains a encore de longs et paisibles mois à vivre
dans les étendues vertes irlandaises.


Nous retrouvons le jeune gris quelques mois plus tard. Il a maintenant un an et
demi. Sa morphologie s'est considérablement transformée. Il est devenu un
magnifique yearling. Il est grand et fier. Son poil de poulain a laissé place à sa robe
définitive, un superbe gris encore très foncé qui sublime son modèle comme une
ultime touche de peinture sur un chef-d’oeuvre.
Aujourd'hui est un grand jour. Le jeune cheval quitte sa terre natale pour la France.
Aujourd'hui marque la séparation entre sa vie de poulain et le début de sa carrière de
course. Il est emmené avec d'autres yearlings inconnus dans un avion à destination de
Paris. Non bien sûr, ils ne vont pas vivre à Paris même, mais tout près. Dans une ville
où le cheval est roi, et où le pur-sang est en son paradis : Chantilly.
Après un voyage peu long mais mouvementé pour certain, les jeunes chevaux
arrivent dans leur nouvelle écurie. Ils resteront ici pour des durées variables. Certains
resteront 2 ans, d'autres 3. D'autres seront vendus au cours de leur carrière et
changeront donc d'écurie.
Pour l'heure, le beau gris découvre son nouvel environnement. Il est guidé dans son
nouveau box, spacieux et confortable. Le foin appétissant l'attend déjà, et il ne se fait
pas prier pour le goûter. Il passe le reste de sa journée ainsi, sentant et écoutant la
moindre chose afin d'apprivoiser ce nouveau lieu de vie.


Une poignée de jour plus tard, le beau yearling doit se plier à une étape
importante dans sa vie de cheval de course, le débourrage. Il doit apprendre à porter
un cavalier sur son dos et être à son écoute. Un débourrage raté peut en quelques
minutes compromettre tout l'avenir d'un poulain.
Le jeune gris apprend tout d'abord à tourner en longe. Les premiers tours sont
quelque peu étranges, mais il finit par comprendre ce qui lui est demandé. Il est alors
sellé. Il observe tout, ses oreilles bien pointées. Mais il ne s'inquiète pas, il fait preuve
de son calme habituel. Un homme commence alors à prendre appui sur lui. On le fait
avancé de quelques pas. Etrange sensation que de se déplacer avec un homme sur le
dos. Mais il s'y habitue vite et après quelques jours de répétition de ce travail, il est
près à sortir sur les pistes.
On a placé un cheval plus âgé en tête de la file de jeunes chevaux pour les guider et
les rassurer. Les premières fois, rien de plus que du pas, du trot et un tout petit peu de
galop de chasse. L'objectif est de découvrir les pistes et d'apprendre à travailler
entouré d'autres chevaux. Tous leurs sens sont en éveil. Ils observent les pistes
immenses et la forêt cantilienne semblant s'étendre à l'infini.
Un jour, les jeunes yearlings font une drôle de rencontre. Un chevreuil habitué des
lieux, et n'ayant pas entendu de bruit de galop s'est permis de sortir hors de l'orée des
arbres. Certains chevaux sont paniqués. Le gris est quant à lui très intéressé. Il fixe
cet étrange animal d'un air terriblement curieux. Son cavalier s'en amuse. Le cheval
esquisse même un pas vers la bête, ce qui la fait détaler. Après tant d'émotions, il est
décidé de rentrer les chevaux.


Le lendemain, nouveau travail pour le lot d'apprentis chevaux de course. Cette
fois, ils vont effectuer un canter. La sortie commence comme d'habitude, au pas et au
trot. Après un petit galop de chasse pour les échauffer et les préparer, les chevaux
sont placés deux par deux. Le vieux cheval de tête toujours présent montre l'exemple
avec un des jeunes. Rien de bien compliqué en apparence. Mais gérer l'allure d'un
jeune cheval débordant d'énergie n'est pas toujours évident.
C'est le tour du beau gris. Un autre jeune à ses côtés. Ils sont d'abord lancés par leur
cavaliers dans un galop de chasse habituel. Puis petit à petit ils leur demandent
d'accélérer. Les foulées s'allongent, la piste défile de plus en plus vite sous les sabots.
Les yearlings goûtent pour la première fois à cette sensation exceptionnelle de
vitesse. Le gris voudrait encore accélérer, il sent qu'il peut aller encore bien plus vite
que ce qui lui est demandé. Son cavalier le retient et lui demande de se contenter de
maintenir l'allure. Mais lui aussi a senti cette incroyable énergie émanant du cheval. Il
sent que ce jeune gris n'est pas comme les autres, qu'il a quelque chose en plus.
L'entraîneur en est aussitôt informé et retient l'information. Mais pour l'instant, le
jeune cheval devra simplement faire ce qu'on lui demande. Les grandes accélérations
dans la ligne droite, ce n'est pas pour tout de suite. Il y a d'abord tout un travail de
fond à effectuer, et après plusieurs mois d'entraînement, il pourra libérer cette folle
énergie présente en lui.

Histoire d'une vie - Partie 2

Rédigé par Elodie

Publié dans #Courses

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article